Si le principe est séduisant, la mise en oeuvre est délicate. Le manque de visibilité sur les marchés financiers inquiète les particuliers investisseurs en Bourse.
Cette situation profite aux fonds flexibles, qui laissent davantage de liberté aux gérants pour adapter leurs choix aux fluctuations des marchés. En jonglant sur différentes classes d’actifs, ils peuvent se montrer plus réactifs que des fonds classiques. Si le principe est séduisant, la mise en oeuvre est délicate. Tous les fonds flexibles ne sont pas aussi performants, et l’exercice comporte des risques à ne pas négliger. A l’épargnant de se montrer rigoureux dans le choix de son gérant.
La crise financière de 2007 a sérieusement mis à mal la valorisation des portefeuilles investis sur les actions françaises. Ainsi, sur les cinq dernières années, la baisse de l’indice CAC 40, indice phare de la Bourse de Paris, a atteint près de 40 %. C’est dire si les épargnants peuvent être échaudés par la récente évolution du marché actions. Un sentiment renforcé par le niveau élevé de volatilité, observé sur ces marchés depuis quelque temps. Par exemple, depuis 2007, la différence entre les cours extrêmes, enregistrés sur le CAC 40, se chiffre à près de 60 %. Il faut dire que récemment les mauvaises nouvelles n’ont cessé de s’accumuler : la crise économique succédant à la crise financière, sans oublier les inquiétudes concernant l’avenir de la zone euro. Bref, de quoi sérieusement mettre à mal la confiance des investisseurs, les rendant plus nerveux qu’à l’accoutumée.
C’est d’ailleurs ce que montre, sur les cinq dernières années, l’évolution de l’indice de volatilité VIX (“Volatility Index”), représentant, aux yeux des investisseurs, une sorte de baromètre de la peur sur les marchés financiers. On constate, en effet, que cet indicateur de marché n’a jamais été aussi élevé qu’au cours de la période récente, puisque ses deux plus importants pics ont été atteints en 2008, au moment de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, et au cours de l’été 2010, au plus fort de la crise de la zone euro. Pour les professionnels de la gestion collective, ce climat d’incertitude est propice au développement de méthodes “plus dynamiques”, qui permettraient, notamment, de mieux s’adapter aux mouvements de retournement sur les marchés financiers.
La crise profite aux fonds flexibles
D’ailleurs, depuis 2007, les lancements de fonds proposant ce type de gestion se sont multipliés : plusieurs centaines de fonds flexibles sont aujourd’hui disponibles. Selon le dernier pointage effectué par la société de recherche Morningstar, 270 fonds de gestion flexible ont été lancés en 2010 et près de 400 l’an dernier. Ce n’est pas un hasard selon Jean-Luc Allain, associé-gérant de Trusteam Finance : “La contre-performance des marchés actions depuis cinq ans a nettement contribué à la popularité des fonds flexibles.” Il faut dire que, par rapport à la gestion traditionnelle, qui ne permet pas de résister à la dégringolade des marchés, les possibilités offertes par la gestion flexible sont beaucoup plus larges.
En effet, en investissant sur un fonds classique, l’épargnant se positionne généralement sur l’une des trois principales classes d’actifs disponibles, allant du marché monétaire, peu risqué, à celui plus volatil des actions, en passant par le marché obligataire affichant un niveau de risque intermédiaire. Généralement, le mandat de gestion de ces fonds traditionnels oblige leur gérant à coller au plus près de la performance d’un indice de référence, tel que le CAC 40 par exemple, sur le marché des actions françaises.
Ce qui leur laisse, en clair, peu de marge de manoeuvre, y compris lorsque la Bourse connaît une tendance baissière. D’où la nécessité, pour les sociétés de gestion, de proposer des fonds dits flexibles, permettant de sortir de cette forme de “carcan”, en laissant à leur gérant une certaine forme de liberté afin qu’il puisse être en mesure de tirer son épingle du jeu, en dépit des aléas de la Bourse. C’est d’ailleurs ce qui explique l’intérêt des investisseurs pour ce type de fonds, rappelle Frédéric Lorenzini, directeur de la recherche chez Morningstar.
Exercice de jonglage
Il est vrai que le gérant d’un fonds flexible peut jongler avec les différentes classes d’actifs mises à sa disposition, voire utiliser, dans certains cas, des produits dérivés, pour couvrir son portefeuille par exemple. Bref, de quoi offrir une meilleure réactivité par rapport à des fonds classiques, afin de profiter des opportunités de marché qui pourraient se présenter. D’ailleurs, l’allocation d’actif au sein de ce type de fonds peut être généralement modifiée du jour au lendemain, en augmentant, par exemple, les investissements sur une classe d’actifs qui semble prometteuse, ou en les réduisant sur une autre, en pleine tourmente. Il est clair qu’il ne s’agit pas, pour autant, de donner “de violents coups de volant”, comme le précise Yves Bazin de Jessey, directeur de Saint Olive et Cie.
Toutefois, un tel style de gestion permet généralement d’obtenir, par rapport à des fonds traditionnels, un meilleur couple rendement/risque, comme le soulignent les professionnels du monde de la gestion. En clair, offrir une performance supérieure pour un risque identique. L’objectif est clairement de participer à la hausse des marchés et de protéger le capital investi pendant les périodes de baisse, jouant en quelque sorte un rôle d’amortisseur. Les meilleurs fonds de ce type sont ainsi capables de générer, sur longue période, une performance annuelle de l’ordre de 6 à 8 % par an. C’est notamment le cas de Carmignac Patrimoine, un des mastodontes de la catégorie, affichant plus de 20 milliards d’euros d’encours à ce jour. Bien évidemment, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit de performances passées, ce qui ne présage en rien des résultats futurs, comme le rappellent si souvent les professionnels.
Autre avantage des fonds flexibles, leur corrélation généralement peu élevée par rapport aux différents indices boursiers ; une façon pour l’épargnant de lisser dans le temps, en quelque sorte, la valorisation de son patrimoine financier, s’il est par ailleurs investi sur des classes d’actifs traditionnels. Il s’agit d’une méthode efficace pour atténuer les mouvements de “yoyo” que connaît inévitablement un portefeuille d’actifs financiers investis en Bourse. Un avantage qui est donc loin d’être négligeable. Mais qu’il s’agisse de performance ou de décorrélation, tous deux dépendent de la stratégie de gestion du fonds flexible sur lequel l’épargnant décide d’investir. D’ailleurs, c’est “à l’épargnant de sélectionner le fonds en fonction de son profil de risque”, recommande Jean-Luc Allain.
Certains d’entre eux se révèlent en effet plus agressifs que d’autres, adoptant un angle très offensif, faisant la part belle au marché actions, offrant à la fois un rendement et un niveau de risque plus importants que ceux affichés par les marchés obligataires par exemple. Généralement, des bornes d’investissement sur les différentes classes d’actifs sont d’ailleurs définies pour chaque fonds, le gérant étant, bien évidemment, dans l’obligation de les respecter. Pour les connaître, il suffit de se pencher sur le prospectus du fonds flexible sur lequel on souhaite investir. La lecture de ce document d’informations, remis à tous ses souscripteurs, est d’ailleurs vivement recommandée pour éviter les mauvaises surprises.