Les nuages s’amoncellent sur l’économie européenne. Où trouver de la croissance et de bonnes idées pour investir ? Les thèmes favoris des gérants.
Le moral des consommateurs flanche. Des deux côtés de l’Atlantique, les économistes travaillent à chiffrer l’impact récessif des mesures d’austérité et de hausse des impôts. Aux gestionnaires de trouver, dans cet environnement déprimé, les secteurs, les entreprises qui résisteront. La pression sur le pouvoir d’achat des Européens incite par exemple KBL Richelieu à s’intéresser aux sociétés qui surfent sur la vague du low cost.
«Les consommateurs seront plus exigeants sur les prix. Un avantage pour les compagnies à bas coût comme EasyJet, des opérateurs télécoms low cost tels que Jazztel en Espagne», estime Nathalie Pelras, directrice de la gestion chez KBL Richelieu Gestion. L’efficience énergétique est un autre de ses thèmes de prédilection. Smart grids (réseaux électriques intelligents), isolation, leds et autres pneumatiques verts ne profitent plus seulement de la nécessité de protéger l’environnement, mais aussi du désir de réduire les
dépenses d’énergie. Pour d’autres gérants, en revanche, l’essentiel est de miser sur des sociétés capables de résister aux pressions à la baisse des tarifs. «C’est le cas, dans le secteur des boissons, de sociétés comme Diageo et Rémy Cointreau» souligne Lucile Combe, directrice générale de Cogefi Gestion.
Miser sur les champions de la satisfaction clients
Où trouver de la croissance, quand l’économie est en panne? Pour certains, la réponse se trouve… dans les airs. «Le trafic aérien se développe à un rythme plus rapide que la croissance mondiale. En Asie, en Amérique latine, l’essor des voyages aériens est phénoménal», observe Patrice Courty, gérant chez Moneta AM. «Mais les compagnies aériennes sont mal placées dans la chaîne de création de valeur. Il faut préférer les fabricants d’avions et leurs sous-traitants (Zodiac, Safran…), les aéroports, ou les systèmes de réservation comme Amadeus», précise-t-il. Plus original, Trusteam Finance mise, elle, sur… les champions de la relation clients, des entreprises identifiées par des universitaires américains et des instituts de sondage (qui établissent un très sérieux indice) car elles se distinguent par leurs progrès dans ce domaine. Elles sont censées profiter d’un avantage compétitif, grâce à des clients plus fidèles et prompts à les recommander à leur entourage. Trusteam décline l’idée dans un fonds, Trusteam ROC (Return on Customers), qui sélectionne ses titres dans cet univers d’investissement. «Il détient des sociétés comme Oracle, Daimler ou encore Amazon, le champion de la relation clients» cite Christophe Jacomino, membre du conseil de surveillance de la société de gestion. En tout cas, les entreprises qui réalisent l’essentiel de
leur chiffre d’affaires ou de leur résultat opérationnel en France n’ont plus les faveurs des gestionnaires. Les groupes mieux placés pour profiter de la croissance américaine ou des pays émergents sont privilégiés. Adrien Dumas, le gestionnaire du fonds Echiquier Global, à la Financière de l’Echiquier, fait le pari de l’Inde, l’une des meilleures performances boursières mondiales cette année. «La volonté de réforme du gouvernement porte ses fruits. Nous investissons pour profiter du potentiel de ce pays via des valeurs indiennes, comme Hindustan Unilever, ou Coca-Cola», explique-t-il. Si la consommation domestique dans les pays émergents est toujours un thème plébiscité, Echiquier Global ajoute une autre corde à son arc, l’automatisation. «Ces pays émergents font face à une très forte inflation salariale. Ils cherchent à automatiser leurs processus industriels pour préserver leurs marges. Les sociétés qui fournissent ces solutions d’automatisation, comme Schneider Electric, en profitent», remarque Adrien Dumas.Certains gérants voient plus loin encore. «Les découvertes de gaz de schiste, notamment aux Etats-Unis, risquent d’entraîner les cours de l’or noir à la baisse», estime Igor de Maack, gérant chez DNCA Finance, qui conseille la prudence avec les valeurs qui ont profité de l’envolée des cours des matières premières. «Aujourd’hui, c’est peut-être le retournement des prix du pétrole qu’il faut jouer.»