Jean-Sébastien Beslay (Trusteam Finance) : « Nous avons augmenté notre niveau d’investissement durant la crise »
Entretien de Benoït Descamps, Profession CGP, avec Jean-Sébastien Beslay, président de Trusteam Finance, qui revient sur les dernières évolutions des fonds ROC et Optimum, et les arrivées de Muriel Blanchier et Bertrand Casalis. (22/05/2020 par Benoït Descamps)
Profession CGP : Un premier mot sur votre ressenti de cette crise ?
Jean-Sébastien Beslay : Trusteam Finance survit à la crise alors que beaucoup d’asset managers vont souffrir. Notre approche différente de l’investissement fondée sur la satisfaction client nous aide car elle permet de donner du sens à l’épargne. Elle complète et rend pragmatique notre démarche ISR.
Comme le démontre notre récente étude sur la Chine, détenir des clients satisfaits rend encore plus résilient pour celle ayant une activité en BtoC, comme en BtoB.
Quels sont les autres enseignements de cette étude ?
J.-S. B. : Il s’agit de la première étude portant sur des pays sortis de leur confinement. La crise de la Covid-19 a accéléré les tendances vers
– une consommation plus responsable avec des producteurs de proximité, un recours à l’économie circulaire et une forte appétence pour le bio ;
– davantage de digitalisation, y compris dans le secteur de la santé. Cette digitalisation qui va encore s’accélérer avec l’arrivée de la 5G ;
– et un besoin de sécurité toujours plus présent qui se manifeste pas un retour vers les marques fortes.
Cette étude nous permet également de visualiser un retour de la consommation en Chine, certes lente mais réelle, que l’on observe également en Corée du Sud, un pays qui se rapproche de notre modèle occidental.
Une étude européenne est prévue dans quelques jours ; mais il est difficile de se projeter tant l’Europe a été touchée, avec des différences sensibles d’un pays à l’autre.
Comment vos portefeuilles ont-ils évolué depuis le début de l’année ?
J.-S. B. : Nous avons augmenté notre niveau d’investissement durant la crise en passant de 80 à 93 %. En effet, nous adoptions auparavant un positionnement prudent eu égard aux niveaux de valorisation qui étaient celle d’une fin de cycle. Depuis, les marchés ont chuté et les banques centrales ont réagi vite et fort. Le potentiel de revalorisation est donc là, drivé par la Fed qui met tous les moyens en œuvre pour éviter le chômage de masse. Le taux de chômage est selon nous le chiffre à suivre en priorité, bien plus que les résultats des entreprises.
Au sein du fonds Trusteam ROC, le poids des acteurs de la digitalisation a été augmenté via des acteurs tels que SalesForce, Microsoft ou encore NetFlix ; et des opérateurs sur la 5G. Des acteurs misant sur l’économie locale sont également entrés en portefeuille comme Chipotel Mexican Grill, une chaine de restauration se fournissant exclusivement auprès de producteurs locaux.
Et au sein de votre fonds défensif Trusteam Optimum ?
J.-S. B. : Nous avons souffert de l’écartement des spreads de crédit, avec un max draw-down jamais enregistré sur le fonds à -9,66 %. Ce point bas est déjà derrière nous grâce à notre processus de gestion historiquement inchangé : défensif et opportuniste.
En effet, la composition saine du fonds (84% d’obligations Investment Grade) et sa capacité de rebond au travers de ses deux moteurs de performance que sont les convertibles pour 9% (max 10 %) et les actions couplées à des ventes de call pour 7 % (max 15 %), permettent au fonds de générer de l’alpha, tout en encadrant les risques. Le fonds a donc vu son rendement embarqué (TRI), remonter à près de 3 %, en conservant une duration courte de 2,3 et une grande diversification, avec 160 lignes en portefeuille.
De plus, grâce à notre processus Satisfaction Client, nous continuons d’identifier les émetteurs qui apportent, au travers de leurs cash-flow récurrents, une solidité supplémentaire à l’ensemble du portefeuille. Enfin, avec aujourd’hui 6 % de cash et 4 % de monétaire, Trusteam Optimum se positionne comme une solution optimale pour les portefeuilles patrimoniaux et la gestion de trésorerie à moyen-long terme.
Vous venez de renforcer votre équipe de gestion avec les arrivées de Muriel Blanchier et Bertrand Casalis.
J.-S. B. : Tout à fait, Muriel nous apporte son expertise obligataire, en particuliers sur les convertibles, au sein du fonds Optimum, et Bertrand vient renforcer nos process pour nos fonds actions.
Dans le contexte actuel de consolidation du marché, comptez-vous vous rapprocher d’une autre société de gestion ?
J.-S. B. : La taille critique est orientée à la hausse dans nos métiers. Les opérations de rapprochement devraient être plus nombreuses avec la crise. Notre positionnement excentré et notre historique sur l’ISR nous permet d’avoir une bonne carte à jouer dans ce mouvement.
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